Bobigny,N3, juin 2014
Bobigny,N3, juin 2014
Nogent-sur Marne,30 juin 2014
Paris, métro Barbès, mai 2013
Je me souviens d'un mercredi de 1975 où je passais en métro à Barbès, à cet endroit où la ligne est aérienne et longe le cinéma « Le Louxor ». A cette époque, il n’avait pas encore été fermé, ni reconverti en boite de nuit, ni en cinéma bobo. C’était encore un cinéma de quartier délabré avec une seule salle , une salle immense.
Ce mercredi là, au début de l’été, le Louxor projetait pour sa sortie Chronique des années de braise de M.Lakdhar-Hamina. Quelques jours ou quelques semaines plus tôt, le film avait reçu la palme d’or au festival de Cannes.
Ce mercredi là, il était peut-être 14h, horaire des premières séances, le carrefour Barbes, était noir de monde, noir d’hommes, tous algériens. Des hommes en âge d’avoir connu ces années de braise. Ils se bousculaient pour entrer car la salle du Louxor si gigantesque fut elle, n’aurait pu tous les contenir.
J’avais 16 ans. Ce spectacle m’a submergée d’émotion. J’y pense souvent.
Le Louxor, à cette époque, ne programmait que des films de deuxième choix, des films de kung-fu ou de karaté, genre très à la mode alors, ou des comédies de très mauvais goût. Le cinéma était toujours quasi désert. Il était donc exceptionnel qu’un film d’auteur, primé depuis quelques jours à Cannes y soit projeté. Sauf qu’on était à Barbes, dans le 18ème arrondissement. Cette programmation dans ce quartier, chez eux dans Paris, rendait hommage à ces hommes, leur offrait cette reconnaissance qu’ils attendaient en vain. Cette foule qui se pressait au carrefour Barbes , c’était aussi un peuple dont on reconnaissait l’existence et la souffrance.
Ces hommes qui n’allaient jamais au cinéma, allaient y voir un film sur leur histoire.
J’ai encore une fois pensé à ces hommes ce matin en voyant comment leurs petits-enfants avaient envahi le boulevard Barbes hier soir pour signifier leur allégresse après la victoire de l’Algérie lors d’un match de foot.
Yerres, 19 juin 2014
Caillebotte a peint des dizaines de fois l'ombre de cet arbre, son tronc, son écorce, la lumière filtrée par sa ramure, son élégance, sa souveraineté....
samedi 7 juin 2014
Cette ruelle est très récente, quelques mois à peine. Elle a certainement été percée lors de l'installation du tram T3 qui passe sur une sorte de passerelle parallèle au mur et dont on aperçoit une partie.Aux deux bouts de la ruelle, le canal de l'Ourcq et la porte de Pantin. Une ruelle quasi déserte qui ne peut que faire la joie de ceux qui ont besoin de se retrouver dans un lieu à l'abri des regards.Combien parmi ceux là connaissent Fabienne Tabard, Muriel, Marienbad, Jeanne D. ou encore la marraine de Peau d'âne? Mais peut-être, dans le silence de cette rue déserte, peut-on entendre toutes leur voix mêlées ...Qui décide du nom des rues ?
Françoise Poulin-Jacob